Chaud !

L’été sera chaud.

C’est une question de degrés et pas seulement Celsius ou Fahrenheit !

 

D’abord d’un point de vue « celsiusien ».

Il y a la chaleur souhaitée, supportable, acceptable même et celle qui est insupportable.

Mais nous sommes déjà dans une vision humaine et raisonnée du sujet.

Le thermomètre, lui, se contente de son rôle de témoin. Il ne juge pas et exécute vaillamment sa mission jusqu’au bout de ses limites techniques.

 

D’un point de vue linguistique ensuite.

Il y a aussi de la chaleur dans notre vocabulaire.

On retrouve cette courbe bien linéaire de montée en température.

« Chaud, devant » ou « chaud devant ! » : Dans cette expression chère au milieu de la restauration, la virgule donne tout son sens à l’expression. Dans le premier cas, c’est un avertissement, dans le second c’est un constat.

« Cet individu est chaleureux ». Oui, l’expression dénote soit un certain âge, soit une certaine maitrise du vocabulaire, soit les deux chez le rédacteur. Toutefois, il s’agit à la fois d’un constat et d’un compliment. D’aucun ne préfère une personne glaciale à une personne chaleureuse.

« Ce prospect, je le garde au chaud » ; à rapprocher de l’expression « il faut battre le fer tant qu’il est chaud » avec une nuance plus urbaine cependant. Il s’agit ici de bien s’occuper du prospect, de ne pas le laisser s’étioler, le garder en pression, tout en le bichonnant. Je ne vous conseille pas de joindre le geste à la parole en le battant.

« Ca m’échauffe les oreilles ». Expression peu usitée de nos jours qui évoque un agacement, voire la pointe d’un énervement certain. L’expression nous vient tout droit des cancres ante 1968 qui ont connu la chaleur professorale au niveau auriculaire. L’expression a quitté les cours d’école à partir de cette date.

« Je suis chaud bouillant/patate » enfin un peu de nouveauté ! Cette expression date toutefois du siècle dernier, le XXe, mais en 2017 beaucoup de gens l’ont encore connu. C’est une façon un peu singulière de dire que l’on est fin prêt à passer à l’action.

« C’est chaud » pour dire simplement que la situation est tendue. Soit l’on déborde de travail, soit il y a un risque de conflit (et parfois c’est une combinaison des deux).

« Ca va chauffer / ça chauffe ! » suite logique du point ci-dessus. La température est à son maximum, ça explose !

 

D’un point de vue comportemental enfin.

la courbe évolue, s’arrondit pour devenir gaussienne.

La chaleur a des effets variables sur notre comportement selon qu’elle est agréable ou étouffante.

Une chaleur modérée améliore notre sociabilité et notre humeur. C’est l’effet du printemps versus l’hiver, c’est l’été indien versus l’automne installé.

La chaleur modérée nous rend aussi plus dépensiers, plus enclins à s’engager. Une expérience a révélé qu’un gel douche se vendait 25% plus cher à 26°C qu’à 18°C ! Une aubaine qu’il faut savoir orchestrer et saisir ! A bas la climatisation, vive le chauffage dans les magasins !

Une autre étude a mis en évidence que le simple contact avec une tasse chaude rend plus sociable et plus altruiste.

La, on touche à l’apogée de la courbe de température/action.

Quelques degrés de trop et tout s’inverse. 30°C semble être un point de bascule.

Les températures excessives sont désagréables et augmentent notre agressivité. Le gel douche se vend moins bien que l’invective, l’accident de la route (le risque augmente de 3% pendant les vagues de chaleur) ou la bousculade.

Mais si l’on en arrive à cette extrémité, les forces de l’ordre peuvent espérer que la température augmente encore un peu et qu’elle ait raison de tout le monde. Entre 33°C et 38°C l’agressivité retombe, vaincue par l’épuisement, le poids de la chaleur.

 

 

Et dans nos entreprises ?

Fort de ce qui a été énoncé plus haut, la chaleur impacte le fonctionnement de nos entreprises, c’est évident.

Nous pouvons en faire un outil si non stratégique (l’échelle de temps est trop importante), peut être tactique, en tout cas d’action.

Nous l’avons tous constater, travailler dans la douceur du mois de juillet n’est pas forcément un pensum. D’abord, on circule mieux, ensuite le volume des requêtes baisse pour laisser un peu plus de temps et travailler plus sereinement. Nos interlocuteurs sont moins pressés, plus disponibles et à l’écoute. Moins de volume donc, mais plus de qualité.

Un moteur tourne mal à froid, alors pensons à mettre un peu de chaleur humaine dans nos relations. On évitera ce jugement à son encontre « Untel est glacial ». Si l’expression vieillit au profit d’une autre, dématérialisation, les effets sont très similaires.

L’expérience nous a prouvé qu’une relation avec un client ne peut se faire convenablement à distance qu’après un certain temps passé en tête à tête. Ne grillons pas les étapes et surtout ne nous privons pas du plaisir de regarder (c’est 80% de la communication entre les individus), d’échanger, d’écouter, d’entendre, d’apprendre !

Ne tombez pas dans la tentation de faire passer votre interlocuteur sur le grill ! Vous lui donneriez un coup de chaud.

Offrir et partager le café est très important. Au-delà des aspects positifs d’un breuvage chaud ce un vieil acte est primordial pour briser la glace ! Dès les premiers échanges commerciaux, le partage faisait partie des préliminaires ! Excellent moyen de réunir deux individus qui ne parlent pas forcément la même langue, mais qui partagent une certaine universalité de geste. Cette bienveillance est d’une grande importance dans la relation avec son prospect, client ou fournisseur !

Gérez la température de vos locaux. Ni trop, ni trop peu. En été l’exercice est plus délicat qu’en hiver, il est vrai. Mais maintenant vous savez que la température influe sur les capacités, les comportements de tout le monde ! Etonnez-vous que certains pays soient littéralement endormis aux plus grandes heures de l’ensoleillement !

Enfin, scrutez la température pour décrocher cet irréductible prospect, négocier ou renégocier vos contrats. Vous avez toutes vos chances entre 23 et 26°C, foncez !

 

En toute circonstance un peu de chaleur ne nuit pas :

  • D’abord parce qu’elle favorise la contractualisation
  • Et quand c’est chaud, mettez un soupçon de chaleur pour garder la tête froide !

 

L’été sera chaud, c’est bon pour les affaires !

Arnaud BISIG

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P.S. : Les références bibliographiques de cet article sont l’expérience, les connaissances de son auteur et un article du magazine Cerveau et psycho n° 90 (p. 88 et suivant, Quand la chaleur monte à la tête, écrit par Nicolas Guéguen)

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