Cher Internet

Nous vivons une époque formidable !

Reiser nous l’avait bien dit.

Cela se confirme au quotidien.

Ce que Reiser n’avait pas prévu, c’est l’avènement d’Internet, du web. Normal, c’était en 1976. Les P.T.T. (Postes Télégraphes et Téléphones, pour l’information des plus jeunes de nos lecteurs et pour rappel des plus anciens dont la mémoire commence à faire défaut) régnait en maitres sur nos communications, écrites et orales. Le téléphone avait encore un fil, les plus perfectionnés avaient déjà des touches. Le courrier s’écrivait sur du papier, mis dans une enveloppe, déposé dans une boite et acheminé par un réseau de facteurs humains jusqu’au destinataire final.

Le temps passe, les entreprises se transforment (Les P.T.T. sont devenus pour partie France Telecom puis Orange, en attendant la prochaine couleur) les technologies se suivent et s’améliorent.

Ainsi depuis 1876 « invention » du téléphone par Graham Bell, 1954 l’arrivée du modem, 1969 Arpanet le tout premier réseau, 1972 les premiers courriers électroniques, 1973 le FTP pointe son nez (début des échanges de fichiers) ,1989 le World Wide Web apparait, tout s’accélère !

Qui pourrait envisager aujourd’hui, de vivre sans internet, déconnecté du monde ? Même nos grands-mères se sont mises au téléphone portable et certaines au smartphone ! Il n’y a pas d’âge pour être geek.

Nous vivons une époque formidable où tout est accessible, quasi instantanément : la connaissance, le savoir, les achats, dans tous les domaines. 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Grâce à ce formidable outil qu’est le web nos propres limites sont celles de notre planète. Et encore. Nous pouvons vivre dans l’espace, par procuration, en nous connectant à l’I.S.S.

Etre connecté devient une seconde nature, pire chez certain une véritable drogue. Le mot n’est pas trop fort, hélas. Les psychologues ont mis en évidence les mêmes troubles du sevrage chez les drogués aux psychotropes que les accrocs du portable.

Cette époque formidable nous apporte son lot de question. Par exemple, doit-on interdire le portable dans les écoles ? On pourrait pousser la réflexion sur les lieux de travail. Un serveur qui répond à chaud à ses SMS et sert des plats froids à ses clients est impardonnable.

L’information se propage très vite, la désinformation (les fameux « hoaks ») frise la vitesse de la lumière. L’intelligence artificielle s’immisce dans nos échanges, va jusqu’à nous conseiller sur certains sites marchands !

Conséquence : la frontière du réel et du virtuel est tellement floue qu’il devient très difficile de la distinguer.

Comment lutter ? En s’informant sur le net ?!

Petit test mené auprès de mes étudiants en entrepreneuriat : Donner la définition d’un mot. Tous se sont précipités sur Wikipédia ! Aucun n’a réfléchi, n’a tenté de répondre à partir de ses connaissances… Personne n’a prononcé le mot « dictionnaire ».

Bilan, ils avaient tous la même définition, la même appréhension du sens du mot. Aucune originalité. Tous allaient dans le même sens.

Comment se différencier des autres alors ? Si des milliers d’étudiants utilisent au même moment et pour un même sujet la même source d’information, où est l’ouverture d’esprit ?

Personnellement j’utilise un dictionnaire, en papier ; une édition de 1971. C’est vintage, j’adore !

L’avantage de ces ouvrages, c’est que chaque édition et éditeur présente la source étymologique du mot mais en a une vision un peu différente. L’esprit s’ouvre alors vers d’autres horizons, différents de ceux de son voisin. Et, avantage, au détour d’une recherche on découvre beaucoup d’autres choses.

Et dans nos entreprises ?

Le jeu est le même.

La source d’information colossale offerte par internet est une facilité non négligeable, un gain de temps, de productivité, donc d’argent.

Nous ne pouvons être aussi éloquent sur l’originalité qu’elle apporte.

Il faut faire attention aux travers imperceptibles et pernicieux.

Par exemple, notre ami Google, par ses algorithmes privilégie ses sources propres et celles qui le payent. Il n’apporte pas l’information dont vous avez nécessairement besoin, il cultive exclusivement la sienne. Grand gourou en la matière, il impose son architecture, ses règles. Son poids fait le reste, il faut s’y soumettre ou se condamner aux limbes des circuits électroniques.

Internet stocke tout mais a la mémoire courte.

Amusez-vous !

Ressortez vos bouquins ! Replongez-vous dans votre littérature professionnelle. L’information va moins vite, on peut plus facilement l’appréhender, la réfléchir, la travailler. Une vieille édition ne présente-t-elle que de vieilles idées ? Pas sûr, pas d’accord même. Combien d’innovation présentées sur la toile qui finalement affichent des dizaines d’années d’existence ?

Un exemple, le véhicule électrique ou à hydrogène n’a rien de nouveau. Des bus utilisant ces technologies circulaient (en exploitation commerciale) déjà dans Paris dans l’après-guerre. Les techniques ont évolué, oui, mais pas les idées.

Pour être innovant, visionnaire et stratège, Internet n’est pas la solution. C’est juste un petit marche pied. Tout le reste dépend de vous et d’un bon accompagnement.

 

Arnaud BISIG

 

PS : Cet article a été écrit grâce à la culture générale de son auteur et à défaut, à celle présente dans de vrais livres en papier. Sans l’existence du web il ne serait évidemment pas diffusé ni lu aussi largement. C’est le paradoxe (particulièrement apprécié dans ces colonnes) d’une charge en règle contre un service d’une utilité quasi-absolue aujourd’hui.

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