RALENTIR

Ils sont devenus fous chez Cubeflight !

Après un titre salace le mois dernier, ils continuent dans la provocation gratuite.

Ralentir !

Alors que tout le monde cherche le contraire, l’accélération, la progression, la performance, la croissance !

 

Paradoxe : Ralentir pour accélérer !

Ralentir permet, dans bien des cas d’aller plus vite, plus loin que tout le monde.

Examinons quelques exemples.

 

Attachez un caillou à une ficelle. Faites-le tourner avec un mètre. Il tourne à une certaine vitesse. Si vous réduisez la longueur de la ficelle, il tournera plus vite.

C’est la même chose pour un satellite.

Pour l’accélérer, il faut le ralentir. Arrivé au périgée (le point de la trajectoire le plus proche du centre de l’astre de référence) on oriente le satellite en rétrograde (« nez » à contre sens) et l’on allume les moteurs jusqu’à obtenir la nouvelle orbite plus petite. Ainsi le nombre de révolution autours de l’astre va augmenter pour un même lapse de temps. On lui aura « raccourci la corde ». Parce que l’on aura ralenti le satellite, il tournera plus vite !

 

Dans une course automobile, l’essentiel de la victoire se joue dans la négociation des virages.

N’importe qui peut aller vite en ligne droit. C’est quand arrive la courbe que la situation se complique. Le travail du pilote consiste à jauger et à gérer le freinage pour maintenir la vitesse la plus élevée possible au regard des contraintes mécaniques de son véhicule et des enjeux de victoire de la course.

Celui qui freine trop perdra de précieuses secondes et pourra même se faire doubler. Celui qui freine trop peu risque de perdre le contrôle. Dans les deux cas, la victoire échappe au pilote.

 

Au quotidien de l’automobiliste, anticiper un ralentissement permet souvent de gagner un temps précieux. Il est plus rapide de ralentir que de hacher sa trajectoire par une vitesse qui nécessite un arrêt total puis un redémarrage (sans compter le gain de consommation et l’augmentation de la sécurité, deux paramètres bien précieux).

 

A titre personnel, la sieste (courte) ralentit le rythme de la journée de travail. Cependant elle permet au cerveau de se regénérer et de récupérer toutes ses aptitudes et sa rapidité d’esprit. Les neurosciences ont démontré que la sieste avait un effet très supérieur au café. Alors ? Est-ce que cela ne vaut pas un « ralentissement » de quelques minutes ?

 

Autre moment de ralenti, les vacances. Tout le monde (sauf les exceptions d’usage) s’accordera pour leur trouver des effets bénéfiques. Soit que l’on fait le « break » et que la déconnexion temporaire fait un bien fou ; soit que l’on apprécie de travailler dans cette période pour le rythme plus posé, les relations moins nombreuses mais plus tranquilles. Paradoxalement, les affaires sont moins nombreuses, mais plus faciles à nouer et donc plus rapides !

 

A fond tout le temps

 « Ici on est à fond tout le temps, on n’a pas le temps. » Telle est la sempiternelle ritournelle opposée par le dirigeant qui a peur de son interlocuteur, commercial, diabolique par définition.

Il a raison ! Si jamais son interlocuteur arrive à lui vendre un truc, il a une chance sur deux pour que cela lui soit vraiment utile, efficient, voire rentable. Ne prenons pas de risque !

Il a raison. Le business n’attend pas. Ralentir c’est hésiter, un signe de faiblesse s’il en est, pas de ça chez les winners ! Et puis ce qui est pris (sous-entendu aux concurrents) n’est plus à prendre. La stratégie de la terre brulée de Gengis Khan a fait ses preuves, marchons dans ses pas.

 

Ralentir, une tactique gagnante

La tactique des Normands était toute autre. Après un bon pillage de temps en temps dans les règles de l’art, seuls quelques-uns arrivaient à s’échapper. Pas de précipitation pour récupérer les miraculés. D’une part cela aurait été une perte d’énergie pour un maigre butin, d’autre part il fallait leur laisser du temps.

Cette apparente perte de temps était en fait très bien rentabilisée. D’abord elle était nécessaire au repos du guerrier, ensuite elle permettait aux miraculés de diffuser, à grands frais d’efforts, l’effroyable nouvelle de l’arrivée des Normands. La victoire de l’étape suivante était gagnée d’avance, la cible avertie préférant négocier que de livrer bataille.

Les grands stratèges militaires (Sun Tzu et Clausewitz) mettent en garde les généraux des effets de la précipitation. Généralement issue de la colère ou de l’exultation (deux biens mauvaises conseillères) les petites victoires qu’elle procure amènent plus surement à la grande défaite qu’à la réussite. Elle aura endormie toute prudence, réflexion ou anticipation.

Il n’y a pas que dans la fable de Lafontaine que la tortue arrive avant le lièvre.

La structure suit la stratégie comme le pied gauche suit le pied droit. En général, ça marche ! Mais à force de foncer tête baissée, attention à ne pas trébucher ou heurter un obstacle. Pouvoir relever la tête et reprendre conscience de son environnement technique, économique, humain, voilà une vertu stratégique pour l’entrepreneur et l’entreprise.

 

Ralentir peut mettre un frein à l’imperceptible immobilisme qui vous pousse vers le précipice !

 

Arnaud BISIG

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P.S. : Cet article a été écrit lentement par un presque Suisse.

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